Oyez, oyez, braves gens,
Oyez, braves ménagères,
Voici le récit affligeant
D’un camembert aux mœurs légères.
Des fromages, il y en a beaucoup,
Qui courent tout seuls les étagères,
Mais celui-là ayant bon goût
Aimait une jolie fromagère.
Il tomba amoureux barjot
En la voyant si émouvante,
A quatre pattes dans les cageots,
Traquant les dates limites de vente.
Il risqua bien, grosso-modo,
Deux-trois œillades adéquates
Mais la vendeuse de calendos
Arrêtait pas de le mettre en boîte.
Pour elle, il devint trop coulant,
Et tendre à cœur, une vraie crème,
Clamant des poèmes roucoulants
Entre la poire et puis lui-même.
Un camembert qui fait des vers
A la vitrine d’une boutique,
Même dans les milieux littéraires,
C’est très mal vu par la critique.
Il était pauvre et son destin
L’obligeait à gagner sa croûte,
Elle fréquentait que le gratin,
C’était râpé, sans aucun doute !
Dans la boutique en face de la sienne
De l’autre côté du réverbère,
Y’a une jolie statisticienne
Qui semble aimer les camemberts.
.
.
© texte Angel Carriqui – musique Jean-Pierre Robert |